Sous ce titre, se cache un petit fascicule hypnotique de dessins fauves du peintre et dessinateur Alex Barbier qu’on surnomme, aussi, le Francis Bacon de la bande dessinée et d’un essai très sensible signé Jean-Charles Andrieu de Levis.
Un loup-garou a mutilé un corps. Il se cache sous forme humaine dans la population d’un petit village. Et les habitants écrivent au maire de façon anonyme. C’est un festival de délation. Et on se demande qui d’entre eux, de la population et de la créature assassine, a la plus grande part de monstruosité. On ne sait pas qui parle, qui regarde, qui écrit. En fait, c’est mystérieux, ça n’a aucun sens, ou un sens intenable, insupportable comme le réel en somme ! On croise de grosses dames bukowskiennes ; on croise des penis flous ; on ne comprend rien. On est fasciné par ce poème visuel cauchemardesque. C’est un cadavre exquis issu d’une psyché malade mais c’est aussi de l’alchimie parce que l’hideux y devient beau : chaque page est un petit tableau.
Eva Bester, Clique, Canal+