Annabelle Dupret : ébranlement du regard et poussées de l’imaginaire
La connaissance est souvent une dissimulation et se crée en conséquence l’inauthenticité. Annabelle Dupret les efface pour donner une source de pouvoir à toute la vie de l’individu même s’il est soumis à bien des perturbations provoquées par l’idée de mort que l’on se donne ou qui nous est donnée.
C’est pourquoi elle explore bien des marges là où rodent des inclassables « monstres » de l’art qu’elle édite et expose. Dans ce but, elle a fondé la revue OR BOR et les éditions IMAGES où tant des irréguliers de l’art trouvent un havre non de paix mais de circulations intempestives.
Se découvrent dans les différents formats de ses productions bien plus qu’un divertissement optique ou qu’une simple pulsion scopique. Annabelle Dupret offre une lumière à des œuvres qui souvent et sans elle s’éclipseraient, de fait, par manque de reconnaissance.
En elles, la vocation contemplative prend un nouveau sens. Une telle fée du réel (caché) défend les œuvres qui brouillent notre temps pour nous faire toucher à des images « naïves », sourdes, provocantes.
Nos habituels miroirs imposés par la culture environnante et la société sont donc retournés et surgissent alors des positions de résistance. Un engagement politique s’impose, bien sûr, au cœur de cette pratique autonome et indépendante.
Existent là de nouveaux liens de contestation face aux simulacres qui s’enchaînent dans la société occidentale depuis son origine et ses diverses contrefaçons, à mesure que la production et reproduction des images croissent et se multiplient. D’où l’importance d’une telle femme libre dont les projets ne ressemblent à aucun autre.
Jean-Paul Gavard-Perret
18 octobre 2023